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Les notes de Clochette

25 novembre 2012

Florence sous la neige

J'ai vingt ans, je suis jeune et je découvre étonnée la Toscane sous la neige. Il parait que c'est rare. Comme notre histoire. Il est plus ägé que moi, il a une autre vie, sans moi. Il est énigmatique et étrange parfois. Cela fait six mois que nous sommes ensembe et je ne sais finalement pas grand chose de lui. D'ailleurs, je ne sais pas grand chose tout court. A un âge où l'on est censé s'élancer vers le monde, plein d'enthousiasme, je suis plutôt très sage et très réservée dans mes élans. Mon univers c'est ma famille et les études. Je ne me projette pas tellement vers l'avenir, si ce n'est en termes professionnels : réussir mes études et ensuite trouver un travail bien payé. Je n'ai pas de passions, pas d'ambitions, pas d'émotions peut-être... Cet homme est arrivé dans ma vie sans que je m'en aperçoive, sans que je le veuille vraiment. C''est juste confortable par rapport aux autres : j'ai un ami, je suis normale, je suis comme les autres - vu de l'extérieur. Est-ce que je suis amoureuse ? C'est finalement peu probable. Je lui dis que je l'aime, je le dis aux autres, mais je suis loin d'être convaincue. Je joue à l'adulte, mais sans véritable conviction. Je suis comme Florence endormie sous la neige et silencieuse. Je suis en attente. Mais je ne le sais pas. J'attends quelque chose ou quelqu'un peut-être. Quoi ou qui ? Aucune idée.

Aujourd'hui, peu de souvenirs me restent de cette partie de ma vie. J'ai traversé ces années comme on traverse un nuage. J'étais dans un brouillard épais, je ne voyais pas les autres, je ne me voyais pas. C'est tout à fait étrange d'avoir marché à l'aveuglette pendant si longtemps, sans m'en rendre compte. L'impression d'avoir perdu mon temps, d'avoir râté tant de choses, d'expériences possibles, l'impression de ne pas avoir vécu ces années. Comme dans un film muet en noir et blanc, je passe mais ne m'arrête pas. J'essaie de trouver des images dans mes souvenirs, mais je ne me reconnais pas. Cette jeune idiote, ce n'est pas moi...?

Nous marchons en silence dans un petit chemin. Il neige de plus en plus fort et nous sommes perdus. Il n'y a aucun bruit et il n'y a personne nulle part. De vrais amoureux seuls au monde. L'image est trompeuse. Seuls au monde, sans doute. Mais deux solitudes qui marchent côte à côte ne font pas un couple d'amoureux. Deux âmes perdues sur un chemin en Italie qui cheminent sans comprendre ce qu'elles font là, sans savoir où elles vont, où elles veulent aller. Deux tristesses et deux individus étranges hors du temps et hors du monde. Qui y a-t-il à comprendre dans ce souvenir ? Pourquoi revient-il maintenant alors que cette époque est passée depuis si longtemps - a-t-elle vraiment existé d'ailleurs ?

Chercher, trouver, voir, comprendre... J'ai toujours un train de retard. Sur le moment, je ne comprends pas ce qui m'arrive, je ne sais pas analyser le pourquoi du comment. En conséquence de quoi je ne prends donc jamais - ou presque - les bonnes décisions. Après, plus tard, avec le recul, je me dis "j'aurais dû faire ça, dire ça". Toujours je suis en décalage, décalée, trop lente, trop ci ou trop ça, pas assez réactive.

J'ai rêvé de l'Italie. J'ai rêvé de romantisme. J'ai rêvé d'amour, sans doute aussi.

Je suis passé à côté. Je ne m'en suis pas aperçue. Tant d'erreurs, tant d'errances.

Nos pas ne nous mènent pas toujours où il faudrait aller. Les chemins ne vont pas toujours où ils devraient aller. Et finalement, ce  soir je m'interroge sur le sens de tout cela : le froid de la campagne toscane, le silence de la neige, l'inconnu - presque - qui cheminait à mes côtés, l'incertitude de la route à prendre. Et si cela avait été vrai ? Si cela avait été pour que je comprenne que je faisais fausse route ? Que ce n'était pas ce qu'il fallait que je faisse ? Comme un message que je n'aurais pas su lire. Comme une indication non comprise.

Au lieu de le quitter cet homme étrange et qui ne m'apportait rien, je l'ai gardé pendant de nombreuses années. Je me suis obstinée à rester avec lui. Personne d'autre n'a essayé de me séduire pendant tout ce temps. Pourquoi ? J'étais jolie. J'étais instruite, intelligente d'une certaine façon. Mais non. Rien n'y personne n'a fait obstacle. Je suis restée dans une fausse histoire, sans joie, sans vérité, sans amour, sans rien. Pourquoi ? Par peur d'être seule, par habitude, par manque de confiance en moi, par bêtise... Il m'a menti. Il m'a trahi. Il a profité de ma jeunesse, de ma stupidité, de ma naïveté. J'ai subi sans me battre, sans me révolter, sans même m'interroger. En réfléchissant bien, j'ai honte d'avoir laissé passer me jeunes années pour lui.

Comme la Belle au Bois dormant, je dormais en attendant qu'on me réveille. J'ai dormi longtemps, trop longtemps, et le temps a passé.

Il ne faut pas laisser passer le temps. Il est précieux et il ne revient pas. Il ne faut pas avoir peur. Il faut être. Il faut être soi, pour soi. Ne plus me laisser endormir, ne plus me laisser faire, ne plus me perdre. C'est pour cela que le souvenir est revenu. Pour que je n'oublie plus cela, pour que je ne laisse plus ma vie passer sans m'en rende compte.

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14 novembre 2012

Une vie de femme

J'ai été une petite fille, une adolescente, puis une jeune femme.

Aujourd'hui je suis une femme. Pas encore une vieille femme. Juste une femme.

J'ai été - et suis encore d'ailleurs - une fille, une épouse, une mère, une belle-mère, une "belle" grand-mère même.

J'ai été écolière, étudiante, salariée, auto-entrepreneuse, femme au foyer, et enfin, travailleur indépendant.

J'ai vécu dans de grandes villes, en France et à l'étranger, puis dans un tout petit village de campagne.

J'ai l'impression d'avoir vécu une partie des multiples expériences variées qu'offre le monde des femmes, j'allais écrire "le statut" de femme, si différent de celui des hommes...

C'est de tout ce qui fait la richesse de l'état de femme dont je voudrais parler ici. Partager les expériences, les aventures, les attentes, les désirs, les rêves d'une vie de femme actuelle.

Ecrire, écrire, écrire. J'en rêve depuis toujours. Alors aujourd'hui, je commence une nouvelle expérience de ma vie de femme : blogueuse ! Et je croise les doigts, pour que ce blog soit une nouvelle branche de mon arbre de vie, que cette branche soit belle et solide, qu'elle s'élève haut dans le ciel bleu, et qu'elle contribue, d'une façon ou d'une autre à faire partager la joie et l'enthousiasme qui m'animent.

 

 
14 novembre 2012

Papa

11 Novembre 2012

Il y a des jours où mon père me manque horriblement.

Sa voix, son rire, son visage.

Sa bonté, sa bienveillance universelle, son humour, son originalité, sa curiosité et sa capacité à s'émerveiller, sa liberté de pensées et de paroles, sa solidité et sa force.

Tout me manque.

Des souvenirs d'enfance heureux avec lui, j'en ai tant et tant

Quand il est parti, pour cet autre monde dont on ne sait rien et auquel il ne croyait pas, je me suis sentie seule et abandonnée comme jamais. J'avais pourtant ma famille autour de moi. Mais j'avais froid.

Aujourd'hui encore, je date souvent les événements par rapport à la date de son décès.

Et je m'aperçois que le temps a passé, que le temps passe, que les enfants grandissent, que la vie a continué, continue. Je m'aperçois aussi que j'ai poursuivi mon chemin, toute seule, parce qu'il m'avait donné la force de croire en moi et en mes capaciités. Confiance absolue en ce que je pouvais faire, c'est un sacré bagage qu'il m'a transmis. Il croyait plus en moi que moi. Et de cela, je le remercie encore et toujours.

Puisse mon fils avoir reçu en héritage biologique sa force et sa résistance à toutes épreuves. Puissè-je être capable de donner à mon fils cette impression qu'il est invicible parce que je l'aime, d'un amour infini et sans faille.

Depuis peu, je ressens fortement la nécessité de transmettre. Je me sens comme un trait d'union entre un monde passé et un monde à venir. Comme si je n'étais là que pour cela, pour que la chaîne se déroule vers ce futur où je ne serai pas.

Je suis un pont, une passerelle.

Sur une rive, il y a mon père. Sur l'autre, je dois amener mon fils.

Entre les deux, je m'efforce d'être ce que doit être un pont : solide et utile. C'est souvent difficile et je ne sais jamais si je vais y arriver. Je me décourage parfois. Je me désespère, je me sens faible et inutile. Alors, je pense à mon père, à son courage et à sa volonté si forte. Et je recommence à y croire.

Merci de tout ce que tu m'as donné, appris, montré. Je t'aime pour toujours, Papa.

 


 

14 novembre 2012

Paradoxe

C'est le paradoxe d'une femme qui accepte l'idée d'écrire sur internet, où ses écrits peuvent être lus par des inconnus, et qui dans le même temps refuse l'idée que ses proches puissent lire ce qu'elle écrit.

Pourquoi ?

Parce que face à une page blanche d'ordinateur, c'est plus facile.

L'ordinateur n'est pas doué de paroles, il n'est pas susceptible, il ne va pas tout prendre de travers, il ne va pas critiquer, il ne va pas crier, pleurer, juger. L'ordinateur est neutre.

Bien sûr, derrière l'ordinateur, quelque part peut-être, quelqu'un va lire ce qu'elle écrit. Mais ce quelqu'un elle ne le connaît pas, elle ne le verra pas, ne l'entendra pas, ne le blessera pas.

Si le quelqu'un en question fait un commentaire, elle pourra répondre tranquillement, via l'ordinateur neutre. C'est moins stressant.

Parce que le problème avec les proches, c'est qu''ils la connaissent. Leur proximité annule sa liberté. Son expression, souvent maladroite, est tronquée avec eux. Elle ne se sent pas de taille. Elle a un peu peur de leurs réactions... Peur de ne pas être comprise, peur de mal dire, peur de faire du mal, peur d'être impudique, peur d'être ridicule... La liste de ses peurs est bien longue.

Alors pour avoir moins peur, elle écrit, mais elle écrit en silence, en discrétion, en cachette. C'est son secret, son espace de créativité et de liberté, sa façon de se retrouver, son truc pour ne pas se perdre.

Ecrire pour soi, pour se délivrer du trop de tout ou du pas assez. Ecrire pour échapper à la monotonie qui l'empêche parfois de respirer, écrire pour être.

 

 

 

 

 


 





 

14 novembre 2012

mémoire d'un soir

Certains lieux gardent la mémoire des événements qui s'y sont passés. Ils sont les fidèles compagnons de notre mémoire.

Il y a un banc dans ma petite ville. Un banc en pierre, un peu bancal, à côté d'un garage. On ne le voit pas quand on passe en voiture dans l'avenue et les piétons n'y prêtent guère attention non plus. Je n'ai jamais vu personne assis sur ce banc. A la limite, il pourrait disparaître, je pense que personne ne s'en apercevrait. Sauf moi.

Il y a un peu plus de vingt ans, je me suis assise sur ce banc en pierre. Mon amoureux de l'époque m'a embrassée et l'univers a disparu et le temps s'est arrêté.

Bien sûr, bien avant moi, Georges Brassens a chanté les amoureux sur les bancs publics.

Je ne sais si nous avions "des petites gueules bien sympathiques" mais l'instant était magique et s'est gravé tellement fort dans ma mémoire que quand je passe devant le banc aujourd'hui une grande émotion m'envahit.

J'ai changé d'amoureux. D'autres m'ont embrassée. D'autres m'ont aimée. Le décors était parfois plus somptueux, plus romantique, plus élégant, plus confortable. Peu importe. C'est de ce banc-là dont je me souviens, c'est lui le gardien de ma mémoire amoureuse, lui que je salue tout bas quand je passe par cette avenue.

Ce banc a des pouvoirs connus de moi seule. Il permet de remonter le temps, de rajeunir de vingt ans en une seconde.

Je revois deux grands yeux bleus, j'entends ces yeux me dire "je t'aime" dans une langue étrangère que je ne comprends pas, j'ai le souffle coupé et je me dis que ma vie devrait ressembler pour toujours à cette émotion si absolue.

Le bonheur est si fugitif, si fragile. Une minute d'inattention et le voilà parti.

Il reste le banc. Preuve infaillible que le bonheur a existé, que la magie a opéré.

Il reste la tendresse pour ces moments de ma jeunesse. Une bienveillante pensée pour mon insouciance de l'époque. Un léger regret sous forme de questions qui font comme un pincement au coeur : qu'est devenu l'amoureux ? Se souvient-il du banc ? Se souvient-il de moi ?

Je passe devant le banc et un sourire léger se dessine sur me lèvres. J'ai vécu une parcelle d'éternité un soir d'automne et cela c'est un trésor inestimable, un cadeau de la vie.

 

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